Les dessous du maillot de bain
Bronzette, monoï et bikini… à la piscine comme à la plage, baignade rime avec détente et légèreté. Pourtant, cette pratique a longtemps été vue d’un mauvais œil et le vêtement de bain n’a conquis nos garde-robes qu’assez récemment.
Hantées par les récits mythologiques, nos sociétés se sont construites dans la crainte de l’eau, laquelle faisait écho la peur du féminin, associé à l’humidité et l’étrangeté. Il nous a fallu des siècles pour apprivoiser les flots, et ce n’est qu’à la fin du XIXe que la baignade et la natation se démocratisent, ouvrant la voie au développement d’une nouvelle industrie : celle du maillot de bain, qui fera fi de la pudeur et participera au découvrement des corps. Mais si les femmes se libèrent progressivement d’une invisibilisation millénaire, c’est pour mieux subir les injonctions une beauté normée, une perfection inatteignable, poussant à l’épilation et aux régimes en vue du fameux summer body.
De la chemise de bain au burkini en passant par le bikini et le monokini, Audrey Millet démontre avec impertinence que le maillot de bain est une pièce moins futile et plus politique qu’il n’y paraît. À travers son histoire, c’est une relecture des normes de genre et du rapport au corps qu’elle nous propose.
Ancienne styliste, docteure en histoire et chercheuse Marie Skłodowska-Curie l’université d’Oslo, Audrey Millet est spécialiste de l’histoire de l’habillement. Elle est notamment l’autrice de Fabriquer le désir (Belin, 2020) et du Livre noir de la mode (Les Pérégrines, 2021).